Sunday, February 7, 2021

Le rapport entre le traducteur et les confrères

 






Chers lecteurs, enchanté de faire votre connaissance ! Je m’appelle Klebiano Barbosa de Souza et je suis traducteur dans les couples de langues anglais>portugais et français>portugais du Brésil. A partir de maintenant, je vous invite à participer à ce périple qui vient de commencer. Soyez les bienvenus ! Comme vous ne me connaissez pas encore – le site vient d’être mis en ligne –, je profite de l’occasion pour me présenter et partager quelques brèves considérations très ponctuelles sur notre profession dans ce texte inaugural. Exposer le point de vue sur certains aspects de notre profession peut être un moyen de se faire présenter, n’est-ce pas ? D’ailleurs, dans la mesure du possible, j’essayerai d’explorer cet espace afin de promouvoir non seulement mon travail, mais aussi de stimuler le dialogue entre les confrères. Aujourd’hui, je parlerai du rapport entre le traducteur et les confrères.

Alors, on commence à esquisser nos idées. La première impression qui m’est venue à la tête quand je pensais à cette publication a évidemment été d’explorer mon point de vue et mes considérations sur le rapport entre le traducteur et les confrères ou même entre le traducteur et les clients. Nous sommes des travailleurs, dont le métier a pour matière première les mots. Mais, de plus, en tant que professionnels, ou si vous préférez des traducteurs indépendants, nous avons des rapports variés les uns avec les autres dans nos interactions quotidiennes, et, étant donné l’ampleur des médias digitaux, ces rapports se font dans une large mesure par des plates-formes les plus variées. C’est exactement ce qui se passe en ce moment même ! Pourtant, avant d’exposer ces considérations, je recourrai à une question qui vient d’émerger dans ma réflexion, et je l’introduirai en ce moment afin d’aider à clarifier ce que j’ai en tête, à savoir, qu’est-ce que c’est que d’être un traducteur ?

Évidemment, mon idée concernant la présentation de la question ne serait pas d’esquisser une réponse concluante tout au long du texte, car je parcours, comme beaucoup d’entre vous, les étapes de mon chemin. Pour paraphraser Gilles Deleuze et Félix Guattari:

 

Peut-être ne peut-on poser la question qu’est-ce que c’est que d’être un traducteur ? que tard, quand vient la vieillesse, et l’heure de parler concrètement.

 

Je vous présente ainsi ma motivation avec ce texte : l’offre d’une petite provocation très subtile. Vous êtes-vous déjà demandé, à un moment donné de votre carrière professionnelle, ce que c’est que d’être un.e traducteur.trice ?

En effet, la question est assez large et une réponse possible serait aussi variée que le nombre de traducteurs dans le monde. Toutefois, afin de limiter notre horizon, réfléchissons à notre contexte. Beaucoup d’entre nous sont nés au Brésil et ont hérité le portugais comme langue maternelle, dont l’introduction dans notre pays a été faite par les Portugais dans le cadre de l’exploration du Nouveau Monde, comme on le sait déjà. Mais, au fur et à mesure, la langue a acquis ses propres contours en se caractérisant de la façon que nous la connaissons et la parlons au Brésil. D’autre côté, n’oublions pas que, au-delà du portugais lui-même, notre terre accueillait déjà d’autres langues autochtones cultivées par les peuples originaires, quelques-unes desquelles sont préservées aujourd’hui, bien qu’avec beaucoup de difficultés, mais beaucoup d’entre elles sont gravement menacées d’extinction. Autrement dit, du point de vue de l’héritage culturel lusitanien, nous avons la langue portugaise en commun.

Ainsi, dans la vie quotidienne, les traducteurs ont comme langue de travail le portugais et une autre langue, s’ils sont bilingues. Dans mon cas, je suis traducteur dans les couples de langues anglais>portugais et français>portugais du Brésil. Mais, jusque-là, tout cela nous semble habituel, car nous dévouons la plupart de nos journées à traduire, à écrire, à faire des recherches et – pourquoi pas ? – aux études, entre autres choses. C’est-à-dire, bien que les chemins soient différents – certains professionnels viennent du domaine des sciences exactes, d’autres, tels que dans mon cas, viennent du domaine des sciences humaines, avec un grand intérêt pour divers domaines de connaissance –, mon itinéraire existentiel m’a conduit au métier de la traduction, comme vous.

Au cours de nos activités de traduction, nous avons la joie de vivre avec les mots. Parfois, quand on traduit, j’ai l’impression que cette coexistence est plus tranquille – comme quand certains mots nous sont habituels (il y a ici une certaine facilité à déterminer le sens de chacun d’entre eux et à trouver ensuite la solution de traduction la plus appropriée) – ; à d’autres moments, la coexistence semble un peu plus intense, je dirais même conflictuelle – comme quand on vit le processus inverse, c’est-à-dire, quand il faut consacrer une énergie considérable à la recherche afin d’élucider le sens d’un terme.

Pour cette raison, la recherche terminologique a une pertinence considérable pendant le processus de traduction. À mon avis, le travail de recherche est une partie très agréable de l’activité à partir du moment où il accompagne la curiosité. Cependant, quand il est difficile de déterminer la traduction du terme qu’on recherche, la recherche devient un peu angoissante. Dans des moments comme celui-ci, et en fonction de l’avancement des travaux – les délais doivent définitivement être respectés à la lettre – j’ai l’impression que traduire ressemble à vivre une aventure : premièrement, on marche sur des chemins improbables, on explore l’inconnu, sans savoir ce qui pourrait se passer ; deuxièmement, quand on effectue la recherche, on devient capable de faire le bon usage des mots – vient  alors la possibilité de choisir les solutions les plus appropriées pour le terme en question – ; finalement, quand on termine ce périple, on est récompensés par la compréhension de la signification à partir de l’usage du terme dans un contexte spécifique. Accompagnez le développement de cette idée dans les textes suivants.

En ce sens, pendant le processus de recherche terminologique, j’ai l’habitude de consulter diverses sources, qu’elles soient en ligne ou hors ligne. Comme je l’ai déjà dit, les ressources technologiques sont les plus variées et les moyens d’obtenir des informations sont nombreux. En dernier recours, une fois que j’ai épuisé une bonne partie des possibilités de recherche, je demande l’aide d’autres collègues, qui sont toujours très disponibles. Évidemment, je prends soin de ne pas exposer de contenu confidentiel – n’oubliez pas que le chef de projet est la première personne à être consultée. Comprenez qu’à ce moment-là, la culture de bons rapports peut être d’une importance capitale ; nous ne saurons jamais quelle sera notre prochaine difficulté et, dans un moment comme celui-ci, l’aide d’un professionnel plus expérimenté peut être d’une grande valeur. La pratique de la traduction comporte certains risques et il est important d’être prêt à les affronter, car, quand on prend certains risques, on peut proposer certaines solutions répondant aux désirs et aux besoins de nos clients.  En revanche, les dictionnaires et la grammaire restent ici sur la table. J’ai toujours en tête de pouvoir accueillir de nouveaux exemplaires dans ma modeste bibliothèque, et même si j’ai beaucoup de choses rangées dans mon ordinateur portable, le plaisir d’avoir un livre à la main est indescriptible. Il est certain que l’une des expériences les plus agréables est la rencontre du lecteur avec son livre.

Ce sont, à titre d’exemple, quelques-unes des compétences de base de notre métier de traducteur. Cependant, il ne s’agit pas seulement d’exercer certaines compétences pour être traducteur. Le rapport du traducteur avec les confrères doit également tenir en compte la culture de bons contacts. De bonnes relations professionnelles peuvent générer des partenariats très fructueux. Imaginez la situation suivante. Un jeune traducteur est au début de sa carrière et n’a pas encore d’expérience professionnelle. Le jeune professionnel commence à esquisser les premières étapes de l’établissement des premiers contacts – avec des clients potentiels et d’autres professionnels. Autrement dit, le jeune traducteur vient d’obtenir son diplôme, il est assez talentueux, mais le nombre de mots traduits est peu élevé. Dans de telles circonstances, le jeune professionnel aura plus de difficultés à trouver un emploi à partir du moment où son CV ne comporte pas un nombre considérable de mots traduits. En revanche, un éventuel partenariat avec un professionnel plus expérimenté pourrait être très utile, dans la mesure où il est satisfaisant pour les deux parties et bien établi ; d’une part, le jeune professionnel accumulerait des mots dans son CV et, d’autre part, le professionnel plus expérimenté, dans les moments d’épuisement, pourrait recevoir un soutien ponctuel pour rester plus calme – les délais pourraient ainsi être respectés. Mais comment cela pourrait-il être possible ? L’une des solutions possibles serait la pratique des références professionnelles.

Toutefois, la plupart des travaux d’un traducteur proviennent de ses clients, que ce soient des agences de traduction ou des clients directs. Les agences de traduction se trouvent au Brésil et à l’étranger. Dans mon expérience professionnelle, je cherche à explorer le marché étranger par le biais d’agences de traduction internationales. J’ai essayé d’orienter ma carrière dans cette direction, mais cette trajectoire n’est pas la seule, car il y a le marché intérieur et les clients directs. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu d’expérience avec des clients directs ou des agences de traduction brésiliennes, mais j’envisage la possibilité de les assister, car ils peuvent être une source de revenus importante pour la carrière d’un traducteur.

Étant donné que les agences de traduction sont une grande source de revenus, j’essaie de maintenir une relation guidée par le professionnalisme avec mes clients. Dans mon travail quotidien, j’essaie d’être efficace grâce à une communication claire et fluide. Et quand je négocie les tarifs avec de nouveaux clients, j’essaie de fixer le prix de mes services de manière équitable pour les deux parties ; d’une part, je comprends que les agences de traduction font beaucoup de travail pour gagner leurs clients, et elles investissent beaucoup dans ce domaine, c’est-à-dire, qu’elles maintiennent toute la structure pour réussir leurs missions ; d’autre part, de nombreuses années de ma vie ont été dévouées aux études – et j’essaie encore de guider ma vie par cette habitude, car je cultive l’amour de la sagesse – et j’ai eu la possibilité de vivre des expériences professionnelles dans divers domaines tout au long de ma carrière. Quand je travaille, tout ce bagage me fournit des subventions pour qu’un travail d’excellence puisse être livré à mon client. La langue est devenue une dimension philosophique de ma vie. Donc, les agences de traduction ont leur rôle et leur importance sur le marché, et le rôle des traducteurs n’est pas moins important, à partir du moment où nous représentons une main-d’œuvre générant des devises économiques et des richesses culturelles en favorisant des liens commerciaux et culturels entre les peuples par la communication.

En ce sens, et j’exprime ici le point principal de mon argumentation, la manière selon laquelle je comprends le rapport fructueux entre les professionnels de la traduction est mise en évidence. Je comprends qu’il est très fécond pour le traducteur et les confrères d’établir une coopération mutuelle avec leurs collègues au lieu d’une relation pure et simplement orientée vers la concurrence. Nous sommes des êtres humains et interdépendants. Je crois que la création de liens de collaboration peut être édifiante à long terme. Donc, selon ces considérations, je chercherai à construire ma propre trajectoire. Je continuerai à travailler au quotidien, c’est-à-dire, en plus de la traduction, j’ai pour objectif de continuer à conquérir de nouveaux clients – il est très fréquent, quand on prend contact avec une nouvelle agence de traduction, de se faire tester afin de pouvoir commencer à traduire –, ainsi, je n’oublierai pas la possibilité d’établir de nouveaux partenariats professionnels. Enfin, le marché de la traduction est vaste et chacun peut y conquérir son espace.

Merci beaucoup de votre attention et j’espère que vous avez apprécié la lecture.

À la prochaine publication !


Sur la peinture :

Paul Cézanne (1839-1906)

Les Joueurs de cartes

Entre 1890 et 1895

Huille sur toille

Musée d’Orsay, Paris, France

Brazilian Portuguese Translations, Brazilian Portuguese Translator #brazilianportuguesetranslations #brazilianportuguesetranslator