Sunday, August 27, 2023

Le traitement à apporter aux mots pendant la traduction

 






Voici une nouvelle publication dans notre blog. Soyez les bienvenus une fois de plus ! Dans notre publication antérieure, on a parlé de Deux étapes de la traduction : l’uniformité terminologique et l’investigation terminologique. Je voudrais vous indiquer les deux idées principales dans le texte. D’un côté, l’investigation terminologique rend le projet consistant – et à partir du moment où il est consistant, il a qualité. De l’autre, l’investigation terminologique rend possible la recherche de la traduction plus adéquate d’un terme. Ainsi, finalement, on aura le texte original et le texte traduit. À titre d’illustration, dans les pays où certains produits ou services sont commercialisés, le texte original, écrit en anglais ou français, est dirigé vers le public respectif afin d’en stimuler les ventes. Toutefois, ces mêmes produits ou services sont commercialisés en dehors des pays anglophones et francophones. Il y a d’autres marchés dans le monde dans lesquels ces produits ou services sont offerts. Et, dans notre exemple, le texte traduit circulera afin de répondre aux besoins du public lusophone brésilien. L’exemple est opportun, car mes paires linguistiques sont anglais>portugais et français>portugais. Alors, la notion de public lecteur ou même d’audience vers laquelle le texte sera dirigé émerge. Avec cette notion en tête, le professionnel du mot pourra orienter son travail pour que le texte traduit soit capable de répondre aux demandes et satisfaire les besoins de l’audience. Ainsi, pour réussir cela, il faut prendre en considération au moins deux aspects : d’un côté, le texte original ; de l’autre, le texte traduit dirigé vers son audience ; et, entre les deux, l’image du professionnel du mot promouvant toujours l’entendement, la compréhension et la communication pour fortifier les liens commerciaux, culturels, entre autres choses. Si l’on considère que les mots sont la matière première avec lesquels l’activité de traduction s’articule donc pour la transformer en un texte bien travaillé, cela implique de reconnaître que les mots doivent recevoir tout notre soin. Dans la publication d’aujourd’hui, je voudrais parler du traitement à apporter aux mots pendant la traduction.

 

Pour plus inquiétante que soit la question qu’est-ce qu’un mot ? et indépendamment des possibilités de réponse, on constate que les mots sont présents dans notre vie quotidienne et dans les circonstances les plus variées. La question peut avoir un sens pour certains pays et leurs cultures respectives, surtout les pays occidentaux. Toutefois, dans d’autres régions du monde, et dans d’autres langues, la notion de mot n’a peut-être aucun sens. D’un autre côté, il y a une certaine inclination à attribuer une signification intrinsèque aux mots, cependant le fait que dautres langues occidentales accueillent l’idée de mot n’implique pas que les mots aient nécessairement une signification intrinsèque. Par exemple, le même mot peut être utilisé en contextes différents et à partir du moment où l’utilisation transite parmi des contextes la phrase aurait une signification différente. Utilisons le verbe « pintar » (peindre).  Apeles pintou um quadro no qual representava a figura de um cavalo (Apeles a peint un tableau dans lequel il représentait l’image d’un cheval). Dans ce contexte, le verbe « pintar » est utilisé pour indiquer qu’Apeles a peint un tableau où il a représenté l'image d'un cheval. D'ailleurs, si vous me permettez une petite digression, je me souviens d'une anecdote à propos de ce peintre. Une fois, Apeles peignait un tableau et essayait de reproduire l'image de l’écume dans la bouche d'un cheval, mais il n'y arrivait pas. Après de nombreuses tentatives infructueuses, et déjà frustré et extrêmement ennuyé, le peintre a pris l'éponge avec laquelle il nettoyait ses pinceaux et l'a jetée en direction de la toile. À sa grande surprise, l'éponge a touché la bouche du cheval et de la manière la plus inimaginable qu’on puisse penser, l'effet de l'écume qu'il avait tant désiré et recherché a enfin été reproduit. Après cela, Apeles s’est senti tranquille. Reprenons le raisonnement. Utilisons le verbe « pintar » dans le deuxième exemple. Ela pintou o sete enquanto estava tramando planos mirabolantes (Tout le monde en parlait alors que les plans mirobolants étaient en cours d'élaboration). Dans ce contexte, le verbe « pintar » a été utilisé comme une expression idiomatique : « pintar o sete » indique que la folie faisait parler d'elle pendant que les plans étaient tracés.

 

 Considérer l'émergence de nouvelles possibilités sémantiques à partir de l'utilisation des mots en contextes différents peut être une pratique bénéfique pour l'activité de traduction. Dans mon expérience professionnelle, j’ai eu l’opportunité de travailler avec des textes financiers, gouvernementaux, journalistiques, médicaux, marketing, techniques entre autres. Au-delà de cette approche, quand on traduit un texte, il est recommandable au professionnel du mot de lire attentivement le texte source pour que soit possible la rédaction d’une traduction adéquate. Mais cela n'est pas tout. Lire implique de scruter les mots. Aussi bien dans le texte source que dans le texte cible. Si vous me permettez l’occasion, je voudrais partager une expérience que j’ai vécu pendant la traduction d’un matériel pour un de mes clients. Le client en question était une agence de traduction américaine qui fournissait des services pour une entreprise dont la filiale était brésilienne. Le matériel avait une quantité de mots raisonnable, c’est-à-dire que j’ai dévoué un temps de travail considérable pour finir la traduction. Texte source anglais vers portugais. Pendant le processus de traduction, presque à la fin du document, il y avait une liste avec les numéros de téléphones de chaque filiale de l’entreprise. J'ai observé que le code d'appel international de la filiale brésilienne (+55) était utilisé incorrectement pour une filiale située dans un autre pays. Ainsi, avec la constatation de la faute, j’ai envoyé un message au gestionnaire de projet en indiquant le fait et je lui ai suggéré que le numéro pouvait être incorrect, étant donné que le code d’appel international du Brésil est +55. Alors, je lui ai dit que j'attendrais les informations correctes pour que la traduction puisse être finie. Un peu plus tard, le gestionnaire de projet a répondu au message en disant que le numéro avait été corrigé. Grâce à cette attitude, j’ai reçu les remerciements du client pour avoir identifié la faute dans le texte originel. Cette intervention a évité un problème de communication à l’entreprise ultérieurement. Finalement, la traduction a été livrée avec le bon numéro de téléphone et le code d'appel international (+55) corrigé dans le texte source.

Ces petites fautes peuvent être produites même si le texte originel est bien rédigé. Dans ce cas, soyez prêt à établir un contact avec le gestionnaire de projet pour exprimer tous les commentaires que vous considérez pertinents. En effet, le professionnel du mot offre des solutions linguistiques pour ses clients, et quand on en parle, on parle aussi de la livraison de qualité, au-delà du travail proprement dit. Toutefois, faire la livraison de tout cela pour le client implique de reconnaître que le travail de traduction porte valeur donc il faut être équitablement rémunéré. Le traducteur est un professionnel qui cultive l’habitude des études. Dans mon cas, l’activité de traduction occupe une partie de ma vie, mais je m’intéresse à bien d’autres choses. J’ai une formation dans le domaine des humanités et la plupart du temps libre je le consacre à la mise à jour de lectures. Je me sens très à l'aise quand je vis avec les mots et je trouve dans chacun d'eux un formidable ingrédient pour nourrir mes pensées. Par contre, quand j'ai du temps libre, j'aime aussi me promener et prendre un café à la boulangerie.

J’ai une cliente très sympathique de Nantes, en France, et on a déjà eu l’occasion d’échanger quelques idées sur l’importance de cultiver l’habitude des études. Cela devient remarquable quand on a un livre entre les mains. Après la pandémie de Covid-19, je suis arrivé à la conclusion selon laquelle ceux qui lisent ne sont jamais seuls. On peut constater cela quand on va à la librairie ou on visite une bibliothèque ; et cette évidence est devenue plus forte quand on prenait l’un de nos exemplaires de notre modeste bibliothèque particulière pendant la période de confinement. À une certaine occasion dans le cours de français (via Internet), pendant ce moment-là, j'avais commenté à ma professeure que j'aimerais bien lire Les Misérables de Victor Hugo. Le lendemain du cours de français, j’ai acheté le livre sur Internet et il est arrivé chez moi après. Quelques jours plus tard, dans l’un de nos échanges de messages, j’ai commenté avec ma cliente de Nantes que j’avais commencé à lire le livre. J’ai commenté cela dans le cours de français aussi. La lecture du premier tome est déjà finie et j’ai bientôt l’intention de commencer la lecture du deuxième. J’ai dirigé le fil conducteur de mes lectures vers d’autres auteurs – il est commun à notre curiosité d’être guidé par nos inquiétudes philosophiques. Je fais allusion à la traduction brésilienne de Penguin Classics Companhia das Letras de 2017. Le fait d'avoir commencé la lecture de Victor Hugo à ce moment-là était particulièrement touchant. Les livres nourrissent nos existences. Je n’ai pas eu l’opportunité de travailler dans le domaine littéraire encore, qui sait, un jour peut-être ? – en ce moment, l’énergie de mon travail est guidée vers la traduction dans d’autres domaines.

La lecture des œuvres diversifiées élargit l’horizon du lecteur. Et le traducteur est, avant tout, un lecteur aussi. À mon avis, le professionnel du mot a beaucoup à gagner quand il laisse de côté la vision dogmatique du processus de traduction, autrement dit, à partir du moment où nous sommes des êtres humains et que la traduction est faite par des êtres humains – même si la traduction automatique est de plus en plus en vogue –, le travail pourra être perfectionné continuellement. D'ailleurs, ceux qui perfectionnent les traductions automatiques sont … des êtres humains ! Ainsi, à l’horizon, il y aura toujours la possibilité de reformuler une phrase, adopter un terme plus adéquat ou même accepter un feedback d’un client par rapport au travail délivré. Le professionnel du mot travaille motivé par l’idée selon laquelle il faut toujours offrir un produit avec une qualité exceptionnelle. D’un autre côté, quand le traducteur travaille pour les agences de traduction, il y a d’autres personnes impliquées tout au long du processus, et elles doivent avoir leurs importances reconnues à partir du moment où chaque personne donne sa contribution aux étapes les plus variées de la traduction. Donc, le client final recevra un produit incomparable. Je dirais que prendre tout cela en considération est prendre en compte l’importance du lecteur ou lectrice qui achètera le produit ou le service grâce à un texte dont la qualité est à la hauteur de ce qui y est proposé. En ce sens, quand je dis que le travail de traduction a sa valeur et qu’il doit être reconnu et rémunéré équitablement, je considère aussi, au-delà du professionnel du mot, les propres agences de traduction. Même si le travail de traduction est solitaire, la livraison de notre travail est insérée dans le cadre d’une équipe. Ainsi, le travail de traduction n’est pas fait seulement à deux mains. D’ailleurs, cela a-t-il du sens de parler de travail solitaire quand on est en train de traduire ?

Quand un produit ou service est offert au consommateur brésilien, il doit divulguer auprès de cette audience. Dans ce sens, les textes de marketing ont cette fonction. En revanche, la traduction se caractérise par la diversité en termes de domaine de spécialisation, et au-delà du domaine de marketing, il y a d’autres domaines dans lesquels un texte peut recevoir le traitement linguistique. Dans d’autres publications de notre blog, j’ai fait quelques commentaires sur cela. Pour le domaine de la technologie de l’information et d’autres domaines techniques, il est très commun que les produits électroniques soient accompagnés de leurs manuels respectifs d'instructions. Pendant la traduction de ces matériaux, il est commun qu’on reçoive du gestionnaire de projet le matériau de référence aussi, parmi lesquels le guide de style. D’une manière générale, ce document a une importance centrale au fur et à mesure de l’activité de traduction. Dans le guide de style, le document nous indique minutieusement tous les paramètres techniques que le traducteur devra considérer pendant le travail. Par exemple, il nous indique le ton à être utilisé (soutenu, standard, familier ou technique), les termes qui ne seront pas traduits, la limite de caractères, les règlements concernant les abréviations et les acronymes, la localisation de noms, d’adresses, du format téléphonique, les chiffre, les dates, l’horaire et la monnaie, entre autres orientations stylistiques.

 Et quand on parle de style, au-delà du traitement à apporter aux mots, il est extrêmement opportun pour le traducteur d’avoir des références solides qui peuvent montrer la cohérence de son travail. En effet, quand il s’agit de style, on parle aussi des qualités présentes dans le texte traduit. Dans ce sens, au-delà de bien savoir utiliser les mots, le traducteur doit prendre en compte les qualités esthétiques d’un texte pour ainsi dire. Ainsi, je ne peux donc faire autrement que de me rappeler l'un des généreux enseignements de David Hume (1711 – 1776), le bon David. Dans son essai De la simplicité et du raffinement dans l’art d’écrire, le penseur affirme :

  

 

Et comme le premier genre d’écrits est celui qui a le plus de beauté et d’attrait, on peut en toute sûreté préférer un excès de simplicité à un excès de raffinement.[1]

 

 

Hume comprend qu’un texte bien rédigé est capable de retenir l’attention du lecteur et il y aura de la beauté dans le texte à partir du moment où les mots sont employés avec simplicité. Selon le philosophe écossais, tout ce qui vient de la simplicité a la capacité de susciter les impressions les plus agréables chez le lecteur. Tout cela sera perceptible selon la bonne utilisation des mots, l’employabilité adéquate de la terminologie, le flux des idées exprimées au long du texte, l’articulation des phrases, l’enchaînement des paragraphes etc. Par contre, la simplicité n’a rien à voir avec le manque de richesse en termes de détails ou même de nuances de complexité. Les idées, par exemple, peuvent être exprimées par une terminologie simple, mais non moins riche en détails. Je peux visiter la ville de Paris, et après cela, dans d’autres circonstances, je peux rédiger un message à un ami en lui décrivant les détails de cette ville-là. Il sera possible de parler des lieux mémorables, des cafés parisiens, de la qualité de la nourriture, de toute l’ambiance, des monuments, des figures illustres etc. Dans ce sens, à partir du moment où toutes les qualités littéraires sont exprimées par un simple témoignage, l’idée d’excès de simplicité émerge. L’excès de simplicité, selon Hume, concerne l’extrême degré de qualité que les mots sont capables d’exprimer. Ainsi, la gradation varie de la moins simple jusqu’à l’excès de simplicité. C’est-à-dire que si on prend en compte toute la diversité de mots présents dans la langue maternelle, autrement dit, dans toute la matière première du travail, cela implique pour le professionnel du mot de savoir articuler ce que j’appelle la gradation de simplicité pour y obtenir le résultat stylistiquement souhaité. Un texte simple est celui qui a un je ne sais quoi d'attrayant et une beauté, par contre un texte avec un excès de simplicité est celui qui a un je ne sais quoi d'attrayant et une beauté dans la gradation extrême. 

Ainsi, je pense que le traitement à apporter aux mots pendant la traduction demande de la part du traducteur certaines habilités linguistiques. Dans un premier temps, quand on traduit, on vit les difficultés pour trouver la solution de traduction la plus appropriée pour un terme. Voici le début de l’aventure auquel j’ai fait allusion dans Le rapport entre le traducteur et les confrères. À ce moment, la pensée déclenche son apparat d'investigation pour rechercher la meilleure solution de traduction. D’un autre côté, quand on considère que les mots n’ont pas une supposé signification intrinsèque, le professionnel du mot est capable de faire la bonne utilisation de mots pour qu’il soit possible de construire la signification des phrases dans le texte cible. Et au fur et à mesure de la rédaction du texte, les gradations de simplicité seraient capables de conférer du style au texte traduit. Alors, muni de ces ressources, le texte source peut être abordé avec tout le soin traductif que les mots méritent et le texte cible aura un résultat exceptionnel. Comptez sur moi si vous avez besoin de mes services linguistiques.

 

Merci beaucoup de votre attention et j’espère que vous avez apprécié la lecture.

À la prochaine publication !

 

 

Références:

[1] Hume, D. « De la simplicité et du raffinement dans l’art d’écrire ». In: Essais moraux, politiques et littéraires. Édition intégrale. Traduction nouvelle, introduction, notes, chronologie, bibliographie et index par Gilles Robel avec la collaboration de Vincent Reignier. Préface de Jean-Pierre Cléro. PUF, 2001.

 

 

Sur la peinture :

Vincent van Gogh (1853-1890)

Le Semeur

Vers 1888

Kröller-Müller Museum, The Netherlands


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