Wednesday, August 31, 2022

Deux étapes de la traduction : l'uniformité terminologique et l'investigation terminologique

 







Voici une nouvelle publication dans notre blog. Soyez les bienvenus une fois de plus !  Depuis le premier article, on a parcouru ensemble quelques chemins de notre périple de traduction. Le point de départ a été déterminé dans Le rapport entre le traducteur et les confrères. Ensuite, on a eu l’occasion de progresser vers Quelqu’un a dit que la traduction est …. Ultérieurement, notre randonnée a croisé la question : Des mots : Y a-t-il unesignification intrinsèque ? La question, plus qu’une réflexion, propose une provocation. Il y a une certaine inclination à attribuer une signification intrinsèque aux mots. Toutefois, quand on traduit un texte, on perçoit que les mots sont utilisés de différentes manières dans des contextes différents. Quand l’utilisation des mots passe d’un contexte à l’outre, on perçoit qui est possible d’avoir un changement de signification d’une phrase : une chaise peut être utilisée pour travailler, pour se détendre dans une séance de massage ou même pour jouer du piano. De cette façon, repenser l’existence d'une supposée signification intrinsèque des mots peut être une activité salutaire pour la pratique de la traduction. Des nouvelles nuances sémantiques peuvent émerger à l’existence. En revanche, si on va plus loin, la réflexion peut être un peu plus ample : Qu’est-ce que c’est un mot ?  Évidemment, une possible réponse dépendrait de l’objet de réflexion. Pour les langues occidentales, la question peut avoir sens ; par contre, pour les langues originaires d’autres régions et cultures, la question peut n’avoir aucun sens. Dans la publication d’aujourd’hui, j’ai l’intention d’écrire quelques lignes en examinant deux étapes de la traduction : l’uniformité terminologique et l’investigation terminologique.

  

Dans le monde de la traduction technique et commerciale, quand le professionnel du mot est requis pour travailler dans un projet, par exemple, dans les couples de langues anglais>portugais ou français>portugais, il reçoit une dizaine d’instructions, des matériaux de référence ou même le guide de style avec le projet de traduction. Dans les instructions, c’est commun trouver celle qui dit « maintenir l’uniformité terminologique » – surtout dans les projets avec une grande quantité de mots. En général, un projet de traduction est quantifié en fonction du nombre de mots et plus élevé le nombre de mots, plus de temps de travail sera dévoué au projet. Mais, qu’est-ce que ce serait « l’uniformité terminologique » et comment l’associer au projet ?

L’uniformité terminologique, entre autres choses, a pour but rendre le projet consistant. À partir du moment où le projet est consistant il a qualité. Un projet de traduction peut varier en fonction de sa taille : D’un projet avec un seul mot à un projet avec des milliers de mots. À titre d’information, pensons à un projet dans le domaine de la technologie de l’information avec 90 mille mots. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de traduire dans ce domaine savent qu’il y a beaucoup de défis dans le parcours. À mon avis, l’un de grands défis consiste à trouver la traduction la plus adéquate pour plusieurs termes techniques et noms de produits dans la langue cible. Un projet avec 90 mille mots n’est pas un petit projet et ce serait nécessaire dévouer un temps considérable pour finir la traduction.   

 Dans l’industrie de la traduction, il y a des ressources technologiques extrêmement utiles pour faciliter le travail du professionnel du mot. Comme dans les autres domaines professionnels, je dirais que l’ordinateur est devenu indispensable à la routine de travail. Il fait accélérer et augmenter la productivité. Mais, il y a des ressources spécifiquement destinées au monde de la traduction. Je fais allusion aux outils de traduction assistée par ordinateur (outils TAO). Il y en a des nombreuses et j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec quelques-uns. Je souligne mes expériences positives avec Trados StudiomemoQ, SmartcatWordbeeMemsource CloudPassoloXTMLingotek, Wordfast Pro et Smartling.

 

Pour bien comprendre comment l’uniformité terminologique est associée au projet, on doit comprendre comment les outils de traduction fonctionnent succinctement. Imaginons que notre projet dans le domaine de la technologie de l’information avec 90 mille mots a 10 fichiers Word, chacun avec neuf mille mots.  La langue source est le français et la langue cible est le portugais. Pour que le matériel puisse être traduit par le professionnel du mot à partir de l’outil de traduction, il est besoin de créer un projet. Au moment de sa création, il faut indiquer la langue source et la langue cible. Ensuite, les fichiers à être traduits sont indiqués aussi ; finalement, la mémoire de traduction et le glossaire du projet.

  

En général, tout cela est envoyé au professionnel du mot quand le gestionnaire du projet lui attribue la tâche. Après la création du projet, l’outil de traduction divise le texte à être traduit en segments. Dans le propre outil TAO, avec le progrès de la traduction, les correspondances à partir de la mémoire de traduction apparaissent quand il y a des correspondances ; évidemment, quand il n’y en a pas, celui qui le fait c’est le propre professionnel du mot. D’autre côté, avec l’identification de termes techniques dans les segments sources, le glossaire propose la traduction spécifique. Imaginons le terme environnement en nuage. Il peut être traduit vers le portugais comme « ambiente em nuvem », « ambiente na nuvem », « ambiente da nuvem » ou « ambiente de nuvem ». Maintenant, imaginons que ce terme apparaitra de nombreuses fois dans le projet. Quel est le terme à être choisi et comment l’employer tout au long de la traduction afin de garantir l’uniformité terminologique ? C’est exactement ici que le glossaire est mis en scène. Imaginons que le glossaire envoyé par le gestionnaire de projet propose « ambiente na nuvem » ; donc, cette solution sera exactement employée tout au long du projet. De cette manière, avec le soutien d’un glossaire, accessible comme une ressource de l’outil de traduction, le professionnel du mot sera capable de maintenir l’uniformité terminologique, toute la consistance du projet, sa qualité et le rendre intelligible. 

 

Percevons que le choix a été fait à partir de quatre possibilités. C’est-à-dire, dans un premier moment, le professionnel du mot fait la traduction et propose les solutions possibles – « ambiente em nuvem », « ambiente na nuvem », « ambiente da nuvem » ou « ambiente de nuvem ». Les options sont acceptables et également possibles, toutefois, « ambiente na nuvem » a été choisi par le client et, par conséquent, on doit la respecter. À partir du choix du client, le terme a été enregistré dans le glossaire. Environnement en nuage correspond à ambiente na nuvem. Par contre, pour que le choix eût été fait, dans un premier moment, il y avait le besoin de reconnaître l’existence de quatre possibilités terminologiques et une option est devenue la plus adéquate selon le besoin du client. Mais le lecteur le plus curieux, peut-être, se pose la question :  Qu’est-ce que c’est l’environnement en nuage ? Permettez-moi une petite digression. Usuellement, l’environnement en nuage est un concept vastement utilisé dans le monde de la technologie de l’information. Il est constitué par des serviteurs interconnectés dans une infrastructure de réseau placée dans un centre de données offrant des services de traitement de données, le placement de ressources informatiques et logiciel, entre autres choses. Le fait de cet environnement être accessible par une connexion à distance, généralement par Internet, génère l’idée de nuage. Bref, l’environnement en nuage ce n’est qu’un groupe de serviteurs connectés en réseau dans un centre de données offrant des services de traitement de données accessible à distance.

 

 

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Quand le professionnel du mot reçoit un projet à traduire, on a aussi vu qu’il est commun de recevoir l’orientation « maintenir l’uniformité terminologique ». Le gestionnaire du projet envoie tout le matériel de traduction, parmi lesquels une mémoire de traduction et un glossaire. La construction d’un glossaire implique la création d’un dépôt avec de nombreux termes techniques de la langue source à la langue cible. Et la construction de ce dépôt de mots est le résultat concret du processus de traduction. Traduire, à son tour, implique, entre autres choses, investiguer pour déterminer la solution terminologique la plus adéquate.

Dans Le rapport entre le traducteur et les confrères j’ai fait une analogie. J’ai l’habitude de comparer l’activité de traduction à une aventure. Quand on a des difficultés pour déterminer la traduction d’un terme, la convivialité avec les mots devient un peu plus intense, je dirais même conflictuelle. En ce moment, on a besoin de mobiliser tout notre apparat d'investigation afin de trouver la solution la plus adéquate. Dans ce sens, on parle de l’investigation terminologique. Ici, il faut recourir aux ressources linguistiques le plus variées : des dictionnaires bilingues, des dictionnaires d’expressions idiomatiques, des bases de données terminologiques, des images illustratives, des vidéos, des animations, des matériaux de référence etc. Observons que, dans ce cas, on a recouru à nombreuses sources de recherche en ayant toujours en vue le résultat le plus satisfaisant en termes linguistiques. Les moyens de recherche sont variés et ils peuvent être online et offline, c’est-à-dire sur Internet ou en papier. Et après avoir cherché dans ces ressources sans qu’aucune solution soit trouvée, la possibilité de recourir au gestionnaire du projet est mis en scène afin d’être possible de demander plus d’informations sur le terme en question. La mise en pratique de l’investigation terminologique présuppose que notre problème sera résolu d’une manière rationnelle – et de manière satisfaisante pour le client. L'aventure est passionnante, surtout quand le temps presse.

 

Dans ce sens, quand on déclenche l’investigation terminologique, notre pensée est mobilisée à la recherche de quelque chose. Selon l’étymologie, « investiguer » vien du latin investigare, c’est-à-dire suivre les traces. Mais, dans l’Antiquité, et plus précisément à l'époque hellénistique, il y avait une « école » grecque de pensée qui attribuait à I' investigation (en grec zétesis) un statut remarquable. On parle du scepticisme. Pour les sceptiques antiques (skeptikos), il y avait trois types de philosophie : la dogmatique, l’académique et la sceptique. Conformément à la vision des sceptiques, la philosophie dogmatique se caractérisait par le fait d'avoir prétendument trouvé la vérité – comme c'était le cas des écoles philosophiques d'Aristote, des stoïciens et d’autres. Par contre, la philosophie académique jugeait que c’était impossible de découvrir la vérité – comme le faisaient Clitomachus, Carneades et d'autres académiciens. Finalement, les sceptiques continuaient avec leur investigation. On sait tout cela grâce au témoignage de Sextus Empiricus (IIe siècle avant J.-C. – on ne sait pas exactement quand et où il est né) légué à l'histoire de la philosophie par les Esquisses Pyrrhoniennes. 

 

Le professionnel du mot rencontre de nombreux défis devant un texte en langue étrangère. Le texte est articulé par une variété de mots disposés en phrases. Et, pour que l’investigation puisse être faite, il faut avoir un objet de recherche. La variété de mots disposés en phrases constitue l’objet de recherche. Donc, l’investigation peut être une activité continue et ininterrompue. D’autre côté, si on considère que les mots ne puissent pas possiblement avoir une signification intrinsèque, l’investigation par l’intelligibilité de la signification peut être une activité également continue et ininterrompue. Dans notre exemple, on a utilisé le terme environnement en nuage. À partir du moment où  le terme à être traduit apparait, la pensée a déclenché l’investigation terminologique à la recherche de la meilleure solution de traduction. Dans ce cas, on a obtenu des solutions proposées : « ambiente em nuvem », « ambiente na nuvem », « ambiente da nuvem » ou « ambiente de nuvem ». Toutes les solutions sont possibles. Mais, la solution choisie avec une signification intelligible a été mise dans le glossaire : « ambiente na nuvem ».

Ainsi, le langage peut être un moyen puissant par l’expression de la pensée. On peut exprimer nos idées à travers des mots. Dans le cas d’un manuel d’instructions, c’est possible d’organiser une série d’informations pour qu’il permette d’orienter l’utilisation adéquate d’un dispositif électronique, par exemple.  Mais les mots ne sont pas toujours capables d'exprimer pleinement ce que l'on pense. J'ai l'impression que les choses deviennent encore plus complexes quand on parle d'affections, de sentiments et de passions. Comment exprimer tout cet « univers » avec des mots ? D'autre côté, nous sommes des êtres humains et nous sommes exposés à plusieurs difficultés dans notre vie quotidienne. Le langage est-il un appareil cognitif dont le but serait la survie ?

Au-delà de l'investigation, la pratique de la traduction implique d'autres compétences intellectuelles. À partir du moment où il y a la reconnaissance de l’existence de la multiplicité de mots, on peut reconnaitre la possibilité de significations diversifiées. Pour les langues occidentales, cela prend du sens parler en termes de mots, mais c’est possible de ne pas avoir aucun sens pour les langues originaires d’autres cultures, comme je l’ai déjà mentionné. D’autre côté, j’ai précédemment dit que le texte est articulé par une variété de mots disposés en phrases. L’ensemble de phrase forme des arguments, et l’ensemble d’arguments forme des paragraphes. Pour les rendre intelligibles, on recourt à la compréhension. Ensuite, une interprétation peut être construite. Mais l'interprétation d'un texte n'est pas toujours correcte et quand elle est soumise à l'examen critique d'une analyse minutieuse et détaillée, l'interprétation se révèle erronée ou incohérente. Autrement dit, une interprétation peut être une manière possible de comprendre un texte, mais elle est sujette à un débat et à une appréciation critique. Et ceux qui lisent ne sont jamais seuls.

Quand on est dans le domaine de la littérature, ou même de la philosophie, l'interprétation d'un texte peut être aussi variée que le nombre de lecteurs. En littérature, on parle de l'art et son produit, dans une large mesure, est lié à la fiction. L'imagination y trouve un puissant moyen d'expression et les mots prennent une coloration et un contour fantastiques. En philosophie, d’autre côté, on parle de rationalité et son produit, dans une large mesure, a quelque chose à voir avec l'argumentation. Ici, la raison trouve un terrain fécond pour exprimer la pensée et les mots prennent une coloration et un contour arides. Mais le mot est le moyen d'expression commun à la littérature et à la philosophie. 

Selon le témoignage de Sextus Empiricus, il y a un certain moment où des personnes talentueuses qui font face à des anomalies présentes dans la vie quotidienne se sont proposées à les investiguer. Ainsi, motivés par l'idée qu'il serait possible de déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux, ils pourraient atteindre la tranquillité (ataraxie). Donc, à partir du moment où ils ont pu soumettre à un scrutin ce qui était présenté à eux dans une circonstance donnée, on a constaté que, pour chaque point de vue, c’était possible de formuler un autre point de vue avec une force tout aussi persuasive. La langue, à son tour, présente une multitude de défis pendant la routine de travail. Le texte écrit dans la langue source, une fois traduit dans la langue cible, doit posséder certaines qualités : on a ici deux textes – l'original et la traduction (tous les deux intelligibles et également persuasifs). De cette façon, le texte traduit peut répondre aux besoins linguistiques les plus variés du public cible. Mes paires de langues sont anglais>portugais et français>portugais. Mais si l'on considère que les mots ne sont pas toujours capables d'exprimer pleinement ce que l'on pense ou même les affections, les sentiments et les passions, je me demande une fois de plus : Qu’est-ce que c’est un mot ? 

Merci beaucoup de votre attention et j’espère que vous avez apprécié la lecture. 

À la prochaine publication !


Révision par Monika Tognollo

 

Sur la peinture :

Claude Monet (1840-1926)

Impression, soleil levant

1872

Huile sur toile

Musée Marmottan Monet, Paris, France


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